Pendant un peu plus de trois siècles [de –2 à +312], les Prétoriens ont constitué la garde de l’Empereur romain. Garde fidèle ou… plus ou moins fidèle ! Ce n’est pas pour rien que de nos jours encore le terme «prétorien» désigne — dans le langage courant — des «éléments militaires qui soutiennent un dictateur, un tyran» [Petit Robert].

Au long des quatre premiers siècles de l’Empire, les prétoriens ont élu 6 empereurs, et tué 6 autres1.

Pour mémoire les légions en ont proclamé 27, et assassiné 12.

ORIGINE

Les responsables politiques se sont toujours entourés d’une garde fidèle. Le fondateur de Rome, Romulus avait une garde de 300 cavaliers, les «Celeres». Au siège de Numance (en -133), Scipion Émilien avait une garde privée de 500 hommes recrutés parmi ses amis et clients. On les appelait des Extraordinarii, c’est-à-dire les extras, les supplétifs, car ils n’appartenaient pas à l’effectif combattant des légionnaires.

Au long du dernier siècle de la république, les historiens mentionnent sans plus de détails des «cohortes prétoriennes» à la bataille de Pistoria contre Catilina [–62], aux côtés de Cicéron en Cilicie [–51-50], et aussi respectivement pendant la Guerre civile aux côtés d’Octave et de Marc Antoine. Dans sa Guerre des Gaules, Jules César dit que la Xe Légion était sa «cohorte prétorienne». C’est avec elle qu’il démarra le conflit.

Il faut sans doute comprendre qu’il s’agissait d’éléments légionnaires reconnus comme particulièrement fidèles à leur général2.

Leur nom de «Prétoriens» vient du praetorium, c’est-à-dire dans la partie centrale du camp légionnaire, le quartier dévolu au préteur (général) et à ses officiers3.

LA «CASTRA PRAETORIA»

C’est Octave qui, en –2, officialisa le nom en créant neuf «cohortes prétoriennes» de 500 hommes chacune (soit 4.500 soldats). Trois étaient dans Rome, trois à Aquilée et les trois dernières dans les environs de Rome. Au départ, les hommes sont logés chez l’habitant.

Mais en +23, Séjan — Préfet du Prétoire de Tibère —, rassemblera les 9 cohortes dans une caserne au-delà du mur servien sur le mont Esquilin (à quelques minutes de la Gare Termini4), aux portes de Rome. La ville s’agrandissant, la caserne sera incorporée au mur Aurélien (en +271).

Sous Caligula ou Claude les 9 cohortes passent à 12, probablement parce que les trois cohortes des Urbaniciani (Cohortes urbaines, chargées de la police)5 ont intégré leur caserne.

PRÉTORIENS AU COMBAT

Au long des guerres de l’Empire, quelques cohortes prétoriennes étaient chaque fois détachées pour accompagner l’Empereur ou quelque membre de sa famille (ou pas : Cornelius Fuscus, Préfet du Prétoire de Domitien, assisté de quelque cohorte, commandera les légions de la Guerre de Dacie, où il périra en –86).

Ainsi en 14, lors des mutineries des deux armées du Rhin et de Pannonie. Sur le Rhin, Germanicus6, fils de Drusus7, règlera l’affaire en douceur. Mais en Pannonie, sur le Danube, Julius Caesar Drusus (fils de Tibère8) devra recourrir à des méthodes plus répressives. Il avait avec lui deux cohortes prétoriennes, de la cavalerie prétorienne et des éléments des gardes du corps germains (autant avec Germanicus, d’ailleurs).

Les revendications des légionnaires portaient sur la durée de leur engagement et le montant de leur solde. Il était normalement de 16 ans. Mais en +5, l’engagement des légionnaires fut porté à 20 ans ! Et il n’était pas rare que des soldats «vétérans» restassent 30 ans !

Les légionnaires exigèrent de redescendre à 16 ans (comme les prétoriens), et que leur solde soit réévaluée à un denier par jour (tout comme les prétoriens encore.

Signalons en passant que, parmi les prétoriens de Drusus, on trouvait Séjan (celui qui, neuf ans plus tard, créera la caserne Castra Praetoria) et Cassius Chaerea, le futur assassin de Caligula.

SOUS LE SIGNE DU SCORPION

L’usage était que lorsque de nouvelles légions étaient constituées, elles prenaient pour emblème le signe zodiacal de leur créateur. Celles de Jules César le taureau, celles d’Auguste le capricorne. Tibère, qui les avait installé dans Rome en +23, leur donnera le scorpion9.

En +69 : L’Année des Quatre empereurs.

À la mort de Néron, Galba, Othon, Vitellius et Vespasien se succèdent à quelques mois d’intervalle10. Soutenant Othon, 120 Prétoriens participent à l’assassinat de Galba. Mais Othon étant lui-même tué à la première bataille de Crémone (ou de Bedriacum) (14.04.69), Vitellius vengera la mort de Galba en dissolvant les Prétoriens… pour en reconstituer 16 nouvelles cohortes de mille hommes chacune (milliaires, au lieu de quingénaires)11, mais avec un autre personnel.

Car à l’origine les Prétoriens étaient recrutés en Italie centrale (Étrurie, Ombrie et Latium). C’étaient des hommes âgés entre 15 et 32 ans [les légionnaires, entre 18 et 23 ans]. Ils seront désormais recrutés outre l’Italie, en Espagne, Macédoine et Norique12.

Lorsque Vespasien fait valoir ses prétentions à l’Empire, les Prétoriens licenciés rallient son camp, ce qui permet à Promio, général de Vespasien, de manifester son mépris en les apostrophant «Pagani» ! («Civils», «Bouseux») (seconde bataille de Crémone (24.10.69) Autant pour nous !

Vespasien ramènera les Prétoriens à 9 cohortes.

Mais elles redeviendront 10, à une date postérieure.

LE RÈGNE DES PRÉTORIENS

Ceci aboutit, au IIIe s., à une confuse période d’anarchie militaire que les historiens ont diversement appelée celle des «Trente Tyrans» (235-268 = 33 ans) [Hist. Aug.], des «Empereurs soldats» (235-284 = 49 ans) ou encore, tout simplement, le «Règne des Prétoriens» (192-284 = 92 ans).

Elle prend naissance à la mort de Commode en 193 et ne s’achèvera que près d’un siècle plus tard, en 284, avec l’avènement de Dioclétien (emp. 284-305).

Divers prétendants à l’Empire proposeront de l’argent (donativum) aux Prétoriens. Des sommes qu’ils ne purent honorer. Aussi furent-ils rapidement éliminés tels Helvius Pertinax ou Didius Julianus, qui seront l’un et l’autre assassinés après trois mois de «règne» chacun ! Finalement, lorsque Septime Sévère (emp. 193-211) prendra le pouvoir (juin 193), comprenant le trouble rôle des Prétoriens, qui vivent dans la débauche, il les licenciera avec interdiction d’approcher de Rome à moins de 150 km. Il les remplacera par des légionnaires pannoniens13 de son armée, qui ont sa confiance.

LE DÉCLIN DE ROME… ET DES PRÉTORIENS

Le fait est que les moyens de communication étant ce qu’ils étaient à l’époque de Dioclétien, que celui-ci scindera l’empire d’abord en une dyarchie puis en une tétrarchie (285)14.

En ces temps d’anarchie militaire, nombre de provinces — faute du soutien de Rome — se proclamèrent autonomes afin de pouvoir elles-mêmes régler leurs problèmes face aux Barbares. Générant ainsi beaucoup d’«usurpateurs» qui furent combattus mais parfois tolérés15 par le «pouvoir central de Rome».

C’est ainsi qu’à la fin du IIIe s., Rome — l’Urbs — n’était plus que la capitale théorique de l’Empire, siège du Sénat et du Prétoire, sur laquelle veillaient donc la garnison des Prétoriens.

Soucieux de se rapprocher des zones stratégiquement sensibles, le pouvoir en Occident s’était déplacé à Milan (l’auguste Maximien-Hercule, 286)16 et à Trêves (le césar Constance-Chlore, 294)17.

Malade, l’auguste Dioclétien démissionne et se retira à Spalato [Split, en Croatie]. Il contraint à en faire autant son collègue d’Occident, l’auguste Maximien-Hercule. La première tétrarchie ayant ainsi mit la clef sous le paillasson, le césar Constance-Chlore (légitime nouvel auguste d’Occident) se retrouva face-à-face avec Maxence, le fils du démissionné Maximien-Hercule, qui ne l’entendait pas de cette oreille.

De Rome où il résidait, Maxence s’autoproclama empereur avec le soutien des Prétoriens, qui jouent leur dernière carte (28 octobre 306). Constance-Chlore entre-temps décédé, son fils Constantin marcha contre Maxence. Constantin l’écrasa, ainsi que ses Prétoriens, à la bataille du Pont Milvius (28 octobre 312).

Après cette ultime défaite, les Prétoriens seront dissous par Constantin. Ils seront remplacés par une autre formation concurrente, les Scholes palatines18 19 20.

À noter que sous Dioclétien déjà, les cohortes prétoriennes étaient confiées à l’autorité d’un vicaire des Préfets du Prétoire21, et que les deux Préfets du Prétoire se focalisaient désormais sur des tâches judiciaires et administratives.

SAINT SÉBASTIEN

Selon La Légende Dorée de Jacques de Voragine (XIIIe s.), «saint» Sébastien, que Dioclétien aurait fait cribler de flèches par ses archers sur le Champ de Mars, aurait été «le commandant de la première cohorte» de la garde prétorienne (?) à moins qu’il ne se fusse agi des Protectores domestici ? Le brave archevêque de Gênes ne semblant pas en mesure d’être plus précis !

FONCTIONNAIRES DU FISC

Depuis 343 les Préfets des Prétoires d’Italie, d’Afrique, d’Orient et des Gaules ne s’occupaient plus que de la perception des impôts…

Michel Éloy

1 Six empereurs élus ; 1. Claude en 41; 2. Othon en 69; 3. Pertinax en 193; 4. Didius Julianus même année 193; 5. Gordien III en 238; 6. Maxence en 306

Et 6 autres tués : 1. Caligula en 41; 2. Galba en 69; 3. Pertinax en 193; 4. Élagabal en 222; et 5‑6. Pupien et Balbin en 238.

Quelques autres empereurs ont également été éliminés par l’un ou l’autre ambitieux Préfet du Prétoire à titre personnel (je veux être empereur à la place de l’Empereur !) sans nécessairement impliquer la troupe :

• Il advint ainsi qu’après avoir assassiné Gordien III (243), son Préfet du Prétoire Philippe l’Arabe (emp. 244-249) sera l’Empereur du Millénaire de Rome (247). Il règnera cinq ans.

• Et moins de trente ans plus tard, Florien (emp. 7 juin-5 septembre 276) ne régna que 3 mois lui-aussi. Il avait été Préfet du Prétoire de son frère utérin Tacite (emp. 275-276). Mais à la mort de celui-ci il s’était autoproclamé empereur… sans l’aval du Sénat !

• Mentionons encore Carus (emp. 282-283) qui avait été, en 276, le Préfet du Prétoire de Probus (emp. 276-282). Il aura régné moins de deux ans, avant d’être tué par ses légionnaires exaspérés par les travaux de terrassement qu’il leur imposait).

Chargé de défendre l’Occident (septembre 282), Carus se proclama empereur cependant que Probus combattait en Orient.

Carus associa à son pouvoir ses fils Carin (emp. 282/283-285) (poignardé par un de ses soldats qu’il avait fait cocu) et Numérien (emp. mai 283-novembre 284). Numérien sera assassiné par son Préfet du Prétoire Arrius Asper…

• … Voir encore Dioclès [Dioclétien], qui aussitôt poignarda le précédent nommé Arrius Aper — peut-être pour le faire taire ? C’est en tout cas ainsi que Dioclétien, commandant de la «garde impériale», prit tranquillement le pouvoir…

2 Dans le cas de la Xe légion de Jules César, il faut se souvenir que c’est avec elle, et elle seule, qu’il entama la guerre en 58, contre Arioviste et contre les Helvètes.

En entamant cette Guerre des Gaules qui dura dix ans (de –59 à –50), le proconsul des Gaules cisalpine et transalpine et d’Illyrie ne disposait que de cinq légions (VII, VIII, IX et X), qu’il augmentera de quatre autres créées par lui (XI, XII, XIII et XIV), auxquelles s’ajouteront un temps — entre –53 et –50 — les I, V, VI et XV prêtées par Pompée (Reddé Michel, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, Errance, 2003, p. 32).

3 Parallèlement aux prétoriens, les magistrats romains avaient droit à des Licteurs (des plébéiens organisés en collège, habillés d’une toge et porteurs d’un faisceau de douze baguettes d’orme (Plaute) ou de bouleau (Pline), destinés à battre des citoyens condamnés, auquel s’ajoute — en déhors de Rome — un hache pour décapiter). Les consuls en ont 12, les préteurs 2. le dictateur 24 et les vestales un seul. Sous l’empire, l’empereur en aura 12 (puis 24 sous Domitien).

4 Une station de métro lui est actuellement dédiée : Castro Pretorio. Le périmètre est occupé d’une part par l’armée italienne et, d’autre part, par la Biblioteca Nazionale Centrale (I.C.C.U.).

5 En revanche les Vigiles, composés d’affranchis, qui assurent la police nocturne et le service des incendies, pour d’évidentes raisons pratiques resteront attachés à diverses casernes réparties dans les différentes régions de l’Urbs.

6 Époux d’Agrippine l’Aînée, Germanicus [Julius Caesar Germanicus (–15/+19)], était le neveu de Tibère… qui l’adopta en +4.

Pour être tout-à-fait clair avec tous ces «Drusus» (normal, c’est la même famille !), rappelons que le successeur d’Auguste, Tibère, n’était pas son fils mais son beau-fils. Tibère était le fils de Tiberius Claudius Nero et de Livia. Opposant à Octave-Auguste (il avait pris le parti d’Antoine), il fut «pardonné» en échange de la rétrocession de son épouse Livia à Octave qui en était amoureux. Celle-ci étant déjà enceinte d’un fils d’Octave, bien avant son mariage avec celui-ci (17 janvier –38). Ce «vrai fils» d’Octave n’eut pas le droit d’intégrer la gens des Octavius Thurinus ni des Julius Caesar Octavianus. Il intégrera donc la postérité d’un Drusus, qui était son grand-père paternel. Ce Nero Claudius Drusus (–38/–9), frère biologique de Tibère, conquérera la Germanie (d’où le cognomen «Germanicus» accordé à son fils) entre –12 et –9, date à laquelle il décèdera suite à une chute de cheval.

7 Ce Drusus César (+7/+33) était fils de Germanicus. Comme tel héritier présomptif de l’empire, il mourut lui aussi empoisonné à l’instigation du Préfet du Prétoire Séjan.

8 Drusus Caesar (–13/+23), fils de Tibère. Il réprima la révolte des légions du Pannonie (Tac., Ann., I, 16-30). Étant l’héritier présomptif de l’empire, il fut empoisonné par sa femme à l’instgation de Séjan.

9 «Le taureau, signe zodiacal de Vénus, légendaire fondatrice de la gens Iulia, est adopté par les légions levées ou restaurées par César; le capricorne signale les légions créées par Auguste…» (Feugère Michel, Les Armes des Romains, de la République à l’Antiquité tardive, Errance éd., 1993, p. 56). «Ces symboles, qui font généralement référence à leur fondateur ou à la date de leur constitution par leur signe astral. Le taureau évoque par exemple les légions créées par César, car c’est l’animal de Vénus […]. L’éléphant de la célèbre légion Alaudae signale lui aussi le conquérant des Gaules, parce que le mot Caesar désignait le pachyderme en langue punique […]. Le capricorne indique quant à lui les troupes réorganisée par l’empereur Auguste» etc. (Gilbert François, Le Soldat romain, à la fin de la République et sous le Haut-Empire, Errance, 2004, p. 78).

elles prenaient pour emblème le signe zodiacal de leur créateur. Observons tout de même, pour le taureau (soit avril-mai) que Jules César était né le 12-13 juillet –100, mais que le calendrier préjulien (lunaire) pouvait avoir, par rapport au calendrier julien (solaire), 1 ou 2 mois de retard… Les deux systèmes de correction — celui d’U. Le Verrier (1866) ou de P. Groebe (1906) — sont mis entre parenthèses dans la chronologie de Jules César par Luciano Canfora (César, le dictateur démocrate (1998), Flammarion, 2001, p. 448). Même remarque pour le capricorne (= décembre-janvier) d’Auguste, né le 23 septembre –63 et pour le scorpion (= octobre-novembre) de Tibère, qui était né le 16 novembre –42.

10 Galba (emp. 11.06.68-15.01.69 : 6 mois), gouverneur d’Espagne [allié à Vindex, gouverneur de la Lyonnaise rebellé en mars 68] et soutenu par le Préfet du Prétoire Nymphidius Sabinus — Othon (emp. 15.01.69-16.04.69 : 3 mois), gouverneur de Lusitanie [meurt après la première bataille de Crémone : un généreux donativum lui a assuré la faveur des prétoriens; 120 d’entre eux se flatteront d’avoir assassiné Galba] — Vitellius (emp. 02.01.69-20.12.69 : presque 12 mois !), gouverneur de Germanie inférieure — Vespasien (emp.01.07.69-24.06.79 : 10 ans), gouverneur de Judée-Palestine.

11 Durry Marcel, Les cohortes prétoriennes, 1938, pp. 373-376.

12 La Norique est une région de l’Autriche, à l’E. de l’Inn.

13 La Pannonie est une région au S. & O. du Danube, partiellement Hongrie/Yougoslavie.)

14 Soit deux Auguste (Dioclétien en Orient [capitale : Nicomédie [Izmid, en Turquie]] et en Occident Maximien-Hercule [capitale : Milan]. Chacun flanqué d’un César : Galère en Orient (capitale : Sirmium [Mitrovica, en Serbie]) et en Occident Constance Chlore, le père de Constantin le Grand (capitale : Trêves).

15 Tel Postumus, empereur des Gaules (259-267/269), ou Odenath, empereur de Syrie (±260-267).

16 Milan fut capitale impériale de 286 à 402. Plus tard ce sera Ravenne, sous Honorius (402).

17 Plus tard ce sera en Arles, en 407 (?). Constantin en avait déjà fait sa résidence à une certaine époque, y organisant notamment les Concile d’Arles en 313 et 314.

18 Constantin créa les Scholes palatines (troupe d’élite IVe-VIIe s.), pour remplacer les Speculatores Augusti.

À l’origine de ces Speculatores Augusti (la cavalerie prétorienne) il y avait eu les Equites singulares augusti (Batavi ou Germani corporis custodes). Terrifié à l’idée de voir dans Rome 300 cavaliers germains, Auguste les avait dissous après le désastre de Varus en +9. Ils furent ensuite reconstitués par Tibère, en +14, puis à nouveau dissous par Galba en +68 pour être refondés par Trajan sous le nom d’Equites singulares augusti (en remplacement des Speculatores Augusti). On ne parle plus d’eux à partir de +260.

19 Une autre formation était les Protectores. Probablement créés sous Gordien III (225-244). Attestés avec plus de certitude sous Valérien et Gallien entre 253-258. Gallien les réorganisera entre 261 et 268. Leurs officiers étaient de rang équestre (les sénatoriaux exclus).

Au départ, ces Protecteurs domestiques (Protectores domestici) étaient un titre honorifique attribué aux militaires proches de l’empereur. Au IVe s., il s’agira désormais d’une garde du corps rapprochée (en +346 on parlera de 2 scholae : une d’infanterie (500 h.), l’autre de cavalerie (500 h.). Troupe protocolaire, ce ne sont pas combattants au contraire des Scholes palatines.

Mentionnons encore les Excubites, créés beaucoup plus tard, ca460 (dernière mention en 1081).

20 Lorsque le Préfet du Prétoire Arrius Aper assassine en Mésopotamie l’empereur Numérien — avant de se faire lui-même poignarder par Dioclès (qui ensuite prend tranquillement le pouvoir sous le nom de Dioclétien), celui-ci est le commandant de la «garde impériale», c’est-à-dire des Protectores domestici [Rémy Bernard, Dioclétien. L’Empire restauré, Armand Colin, 2016, p. 22; Zosso François & Zingg Christian, Les Empereurs romains, Errance éd., 2002 (3e éd.), p. 116].

21 «Pour la garde rapprochée des empereurs, les prétoriens furent remplacés par des soldats qui formaient une unité spécifique, appelée ‘le divin flanc’, comme l’atteste de titre de ‘comte du divin flanc’ (comes divini lateris) porté par Lucius Iunius Iunillu» (Rémy B., Op. cit., p. 73). Les prétoriens restent alors confinés dans Rome, quoiqu’il soit arrivé que leur troisième cohorte ait accompahné Maximien-Hercule dans son expédition en Afrique.